LOIN DES IDEES RECUES, DEFENDONS LE SERVICE PUBLIC

Publié le par Patrick LEBORGNE

Leftp-copie-1.jpgs Français restent attachés à la fonction publique
 
 
 
28 janvier 2008 - L’enquête réalisée par Ipsos pour La Gazette des communes confirme la bonne image dans l’opinion de la fonction publique. On regrette pourtant parfois un certain immobilisme, sans pour autant signer de chèque en blanc à une réforme Sarkozy qui divise les Français. 

Cliquez sur le lien ci-dessous pour accéder au sondage.
 
 
Une fonction publique qui bénéficie d’une bonne image…
L’image de la fonction publique française est bonne. Ce résultat vient confirmer la tendance qui s’était dessinée dans le sondage réalisé par Ipsos pour la Gazette des Communes en mars 2007 : 52% des Français jugeait alors la qualité des services publics Français plutôt meilleure que dans les autres pays de l’Union Européenne. Aujourd’hui, ce sont près des trois-quarts des personnes interrogées (70%) qui déclarent avoir une bonne image de la fonction publique en France, contre 29% seulement qui en ont une mauvaise image. L’image de la fonction publique est logiquement meilleure auprès des salariés du secteur public (85% en ont une bonne image) et notamment des salariés de la fonction publique (83%), mais elle est aussi majoritairement bonne auprès des salariés du secteur privé (59%, contre 40% d’avis contraire).
… et qui attire toujours, mais un peu moins qu’avant
La fonction publique attire toujours les Français, même si c’est dans une moindre proportion que les années précédentes. Plus des deux tiers des personnes interrogées (68%) encourageraient leur enfant à devenir fonctionnaire, contre 29% d’avis contraire. Bien que positifs, ces résultats sont en retrait par rapport à ceux mesurés en mars dernier où 77% «  encourageraient leur enfant à devenir fonctionnaire ». La baisse est de 9 points, et plus marquée chez les salariés de la fonction publique eux-mêmes (-14 points). Les salariés du secteur public (68%) et du secteur privé (66%) se retrouvent désormais quasiment au même niveau sur cette question.
Dans l’ensemble toutefois, les Français restent attachés à la fonction publique et à ses grands principes. Les deux tiers (68%) se déclarent ainsi favorables « à la garantie de l’emploi des fonctionnaires ». L’adhésion est bien un peu plus forte chez les fonctionnaires eux-mêmes (78%), mais les salariés du privé se montrent eux aussi majoritairement favorables (59%).
Contrairement à certaines idées reçues, l’idée qu’il y aurait aujourd’hui « trop de fonctionnaires » dans certains domaines de la fonction publique n’est pas majoritaire. C’est particulièrement vrai pour la fonction publique hospitalière (90% des interviewés estiment au contraire qu’il n’y a pas assez de fonctionnaires dans ce secteur), mais c’est aussi vrai aussi pour la fonction publique territoriale (si 31% des sondés déclarent qu’il y a trop de fonctionnaires, 22% pensent qu’il n’y en a « pas assez » et 43% « ce qu’il faut ») ou la fonction publique d’Etat (où 39% estiment qu’il y a « trop de fonctionnaires » contre 20% «  pas assez » et 37% « ce qu’il faut .
En dépit de son image positive, une fonction publique jugée peu dynamique
Malgré un jugement globalement positif, on a l’impression que la fonction publique souffre d’immobilisme. 53% des personnes interrogées ont ainsi le sentiment « qu’elle n’a pas évolué ces dix dernières années » (+ 5 points par rapport à février 2006), contre 21% qui estiment « qu’elle a évolué de façon plutôt négative » et 24% « qu’elle a évolué de façon plutôt positive. Les salariés de la fonction publique sont moins nombreux à considérer que la fonction publique n’a pas évolué (40% ; +3 points) mais ils considèrent à 31% qu’elle a évolué de façon négative (soit 10 points de plus que la moyenne des Français) tandis que 27% estiment qu’elle a évolué de façon positive (+1 point). On relève aussi que les femmes sont plus sévères que les hommes sur cette question.
Une réforme qui doit préciser ses contours pour s’imposer
Nonobstant l’impression d’immobilisme, les Français ne s’enthousiasment pas pour la réforme de la fonction publique proposée par Nicolas Sarkozy. En effet, 27% seulement des sondés estiment que cette réforme (qui prévoit notamment une réorganisation de la fonction publique, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partants à la retraite et une augmentation des salaires des fonctionnaires) « contribuerait plutôt à améliorer la qualité du service public ». Dans le même temps, une proportion à peine plus importante (34%) pense qu’elle contribuerait plutôt à détériorer la qualité du service public ; 36% pensent que ça ne changera pas grand chose. Ces résultats très partagés montrent qu’il est peut-être encore un peu tôt pour mesurer un jugement sur cette réforme et que les Français manquent probablement d’information à son sujet pour pouvoir se prononcer.
Dans le détail, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux lors des départs à la retraite ne s’impose pas comme une mesure prioritaire dans l’opinion, cette proposition arrivant au contraire en bas de la hiérarchie (10% de citations), contre 27% pour « la diversification des modes de recrutement afin d’assurer une meilleure représentativité de la population au sein de la fonction publique ». Mais aucune mesure ne se détache réellement. Le fait de « faciliter la mobilité des fonctionnaires d’une administration à l’autre » est cité par 19% de l’échantillon, tandis que 17% des Français souhaitent avant tout « instaurer la rémunération au mérite ».
Des fonctionnaires qui ne sont pas considérés comme favorisés
En écho aux salariés de la fonction publique qui font de la revalorisation du niveau de salaire la mesure prioritaire de la réforme de la fonction publique - ils se sont d’ailleurs mobilisés à ce sujet le 24 janvier, un Français sur trois (33%) juge que « de manière générale, la rémunération actuelle des fonctionnaires est trop faible» ; 41% penchent pour une rémunération adéquate (« ni trop forte, ni trop faible »), seulement 18% des Français ont le sentiment que cette rémunération est « trop forte ».
Dans le même ordre d’idées, si 30% des Français interrogés ont le sentiment que les fonctionnaires ont été plutôt favorisés ces dernières années par rapport aux autres catégories de salariés en matière de pouvoir d’achat, 22% estiment qu’ils ont été plutôt défavorisés et 43% qu’ils n’ont été ni favorisés ni défavorisés.
 
 

Adélaïde  Zulfikarpasic 
Directeur d'études – Ipsos Public Affairs 

Publié dans capagauche35

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